Le mythe du chien dominant.

Déjà au 18ème siècle les croyances répandaient l’idée que le chien n’avait qu’un but dans la vie, celui de nous dominer. La fin des monarchies en France n’a pourtant pas fait évoluer ces dires. A-t-on simplement voulu donner un “modèle à suivre” au peuple? Cela a visiblement été le cas et a perduré jusqu’à nos jours...ou presque. Toutes ces images qu’on a voulu imprégner dans nos mémoires du Roi et de ses sujets, du “maître” et de ses élèves, du patron “chef” et des ouvriers “soumis”, de la femme soumise à son mari....et bien d’autres qu’on essaie aujourd’hui peu à peu d’oublier, mais les croyances sont fortes et perdurent.

La Théorie de la dominance chez le chien.

Cette théorie remonte à l’époque où de nombreux scientifiques ont observé les loups en captivité “ (Rudolf Schenkel – « Ausdrucks-Studien an Wölfen : Gefangenschafts-Beobachtungen » 1947).”

Les résultats de ces études ont montré qu’il existait une hiérarchie:

1. Le Loup Alpha: Le dominant qui contribue à la survie du groupe, le seul à se reproduire, celui qui organise la vie de la meute, mange avant les autres.

2. Le Loup Oméga: Le loup dominé, souffre-douleur de la meute, celui qui mange en dernier.

En 1999, David L. Mech, zoologiste qui avait également appuyé cette thèse, est finalement revenu sur ses analyses après avoir observé les loups à l’état sauvage. Dans son article “Alpha Status, Dominance et Division of Labor in Wolf Packs”, il explique pourquoi cette vision de la dominance est erronée

La vision hiérarchique fait place alors à un principe d’organisation familiale. Les loups vivent en meute familiale, constitué du couple de parents et de leurs petits. Dans cette étude il en ressort que les agressions sont très rares et les louveteaux mangent en premier.

Malgré tout, les croyances persistent et nous continuons de voir le chien comme un animal dominant ou dominé alors même que le loup ne vit pas selon ces règles.

Combien de gens, professionnels ou non, vont qualifier leur chien de dominant parce qu’il grogne ou défie l’autorité? et de dominé car le chien se couche sur le dos à votre approche? J’ai moi-même gardé l’habitude de faire mes introductions de séances avec les termes “dominant” et “dominé” afin d’être comprise par le plus grand nombre pour ensuite redéfinir ensemble les terme adéquat à nos discussions.

Nous faisons preuve de trop d’anthropomorphisme, notre société est essentiellement basée sur le Pouvoir et celui qui le détient ce qui rend ces croyances indélébiles. Il est donc “humain” de vouloir nous montrer “Leader” et nous allons donc nous baser sur des principes tels que le faire manger après nous, le garder en position soumise, faire preuve d’autorité et de violence physique aussi...C’est donc la hiérarchie “humaine”que nous imposons à nos chiens, afin de donner un cadre qui nous sécurise. Cet esprit de compétitivité est bien présente dans toute notre vie: la hiérarchie dans les entreprises, les grades militaires, les castes en Inde, la hiérarchie de l’Eglise. Nous avons donc pensé qu’un tel cadre serait conforme en le transposant sur nos chiens.

Dominant ou pas?

C’est une histoire de définition... La dominance est le fait d’exercer un pouvoir souverain ou prépondérant. C’est le fait de prendre le dessus sur l’autre.

Entre chiens, cela s’appelle de la dominance intra-spécifique. Il y a des cas où l’on parlera de dominance circonstancielle. Certains chiens vont préférer protéger le canapé alors que d’autres vont protéger leur nourriture car cela aura bien plus d’importance pour eux.

Que penser alors de ce chien qui grognait pour protéger sa nourriture et qui ne grogne plus alors qu’il a mangé plusieurs kilos d’aliments? Il n’a plus aucune raison de protéger cette nourriture dont il n’a plus envie. Il agit donc davantage par opportunité que par dominance. Ce coté opportuniste existe aussi chez nous humains. On peut alors parler de revendication de ressource ce qui est plus juste. Parfois nous faisons des compromis et parfois non.

Concernant la dominance entre chien et humain, elle n’existe pas. Cela s’appelle de la dominance intra-spécifique et n’est observé entre aucune autre espèce. Chaque espèce a ses propres codes et n’intégrera jamais un autre langage à ses codes.

Comprendre son chien, ou mais comment?

Le mode de communication du chien est diversifié et décoder les différents signaux est important pour nous permettre d’identifier si le chien a peur, s’il exprime de l’angoisse ou s’il veut nous avertir ou nous repousser.

Voici quelques exemples:

• Pourquoi votre chien ne vous obéit pas? Simplement parce qu’il ne vous comprend pas ou encore parce qu’il est distrait par d’autres choses bien plus intéressantes que vous! ;-)
• Pourquoi tire-t-il sur sa laisse? Parce qu’il veut marcher plus vite et découvrir d’autres lieux, d’autres odeurs!

• Pourquoi saute-t-il sur vous? Pour attirer votre attention!
• Pourquoi grogne-il? Parce qu’il a peur que vous lui voliez sa nourriture, parce que vous le mettez dans une situation inconfortable ou encore parce que vous ne respectez pas les règles élémentaires chez le chien.

Il est important de connaître les règles simples qui régissent les chiens entre eux, ces règles simples permettent alors de pouvoir vivre en harmonie. Ces règles sont rarement sous forme d’interdit mais souvent des limites, bien distinctes, toujours identiques que les chiens mettent en place en fonction de leur revendication. Il suffit alors de les comprendre et les mettre à notre tour en place. Confort et inconfort, revendications et opportunisme, limites et motivations sont les clés pour parvenir à une bonne compréhension entre chien et humain.